Стихотворения о Париже — Poèmes sur Paris

Paris et la Seine

Toi, Seine, tu n’as rien. Deux quais, et voilà tout,

Deux quais crasseux, semés de l’un à l’autre bout

D’affreux bouquins moisis et d’une foule insigne

Qui fait dans l’eau des ronds et qui pêche à la ligne

Oui, mais quand vient le soir, raréfiant enfin

Les passants alourdis de sommeil et de faim,

Et que le couchant met au ciel des taches rouges,

Qu’il fait bon aux rêveurs descendre de leurs bouges

Et, s’accoudant au pont de la Cité, devant

Notre-Dame, songer, cœur et cheveux au vent !

Les nuages, chassés par la brise nocturne,

Courent, cuivreux et roux, dans l’azur taciturne;

Sur la tête d’un roi du portail, le soleil,

Au moment de mourir, pose un baiser vermeil.

L’hirondelle s’enfuit à l’approche de l’ombre

Et l’on voit voleter la chauve-souris sombre.

Tout bruit s’apaise autour. A peine un vague son

Dit que la ville est là qui chante sa chanson.

Paul Verlaine

 

 

Paris

Paris n’a de beauté qu’en son histoire,
Mais cette histoire est belle tellement !
La Seine est encaissée absurdement,
Mais son vert clair à lui seul vaut la gloire.

Paris n’a de gaîté que son bagout,
Mais ce bagout, encor qu’assez immonde,
Il fait le tour des langages du monde,
Salant un peu ce trop fade ragoût.

Paris n’a de sagesse que le sombre
Flux de son peuple et de ses factions,
Alors qu’il fait des révolutions
Avec l’Ordre embusqué dans la pénombre.

Paris n’a que sa Fille de charmant
Laquelle n’est au prix de l’Exotique
Que torts gentils et vice peu pratique
Et ce quasi désintéressement.

Paris n’a de bonté que sa légère
Ivresse de désir et de plaisir,
Sans rien de trop que le vague désir
De voir son plaisir égayer son frère.

Paris n’a rien de triste et de cruel
Que le poëte annuel ou chronique,
Crevant d’ennui sous l’oeil d’une clinique
Non loin du vieil ouvrier fraternel.

Vive Paris quand même et son histoire
Et son bagout et sa Fille, naïf
Produit d’un art pervers et primitif,
Et meure son poëte expiatoire !

Paul Verlaine

 

Il pleure dans mon cœur

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s’écoeure.
Quoi ! Nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine.

Paul Verlaine

***

Небо над городом плачет,
Плачет и сердце мое.
Что оно, что оно значит,
Это унынье мое?

И по земле, и по крышам
Ласковый лепет дождя.
Сердцу печальному слышен
Ласковый лепет дождя.

Что ты лепечешь, ненастье?
Сердца печаль без причин…
Да!  ни измены, ни счастья —
Сердца печаль без причин.

Как-то особенно больно
Плакать в тиши ни о чем.
Плачу, но плачу невольно,
Плачу, не зная о чем.

(В. Брюсов,1894)

***

И в сердце растрава,
И дождик с утра.
Откуда бы, право,
Такая хандра?

О дождик желанный,
Твой шорох — предлог
Душе бесталанной
Всплакнуть под шумок.

Откуда ж кручина
И сердца вдовство?
Хандра без причины
И ни от чего.

Хандра ниоткуда,
Но та и хандра,
Когда не от худа
И не от добра.

(Б. Пастернак, 1940)

Au pied des tours de Notre-Dame

Au pied des tours de Notre-Dame,
La Seine coule entre les quais.
Ah ! le gai, le muguet coquet !
Qui n’a pas son petit bouquet ?
Allons, fleurissez-vous, mesdames !
Mais c’était toi que j’évoquais
Sur le parvis de Notre-Dame ;
N’y reviendras-tu donc jamais ?
Voici le joli moi de mai…

Je me souviens du bel été,
Des bateaux-mouches sur le fleuve
Et de nos nuits de la Cité.
Hélas ! qu’il vente, grêle ou pleuve,
Ma peine est toujours toute neuve :
Elle chemine à mon côté…

De ma chambre du Quai aux Fleurs,
Je vois s’en aller, sous leurs bâches,
Les chalands aux vives couleurs
Tandis qu’un petit remorqueur
Halète, tire, peine et crache
En remontant, à contre-coeur,
L’eau saumâtre de ma douleur…

Francis Carco

 

 

Chanson de la Seine

La Seine a de la chance
Elle n’a pas de souci
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et elle sort de sa source
Tout doucement, sans bruit…
Sans sortir de son lit
Et sans se faire de mousse,
Elle s’en va vers la mer
En passant par Paris.
La Seine a de la chance
Elle n’a pas de souci
Et quand elle se promène
Tout au long de ses quais
Avec sa belle robe verte

Et ses lumières dorées
Notre-Dame jalouse,
Immobile et sévère
Du haut de toutes ses pierres
La regarde de travers
Mais la Seine s’en balance
Elle n’a pas de souci
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et s’en va vers le Havre
Et s’en va vers la mer
En passant comme un rêve
Au milieu des mystères
Des misères de Paris

Jacques Prévert

 

Ах, как же Сене повезло!
Нет у нее забот.
Тиха, беспечна, весела,
И день, и ночь течет.
Она струится из земли
Без пены и без волн,
Нетороплива и робка,
Через Париж несет река
К морям потоки вод.Ах, как же Сене повезло!
Нет у нее забот.
Прекрасной дамою она
Меж берегов идет
В зеленом платье дорогом,
Вся в золоте огней,
И, глядя искоса, собор,
Свой строгий оглядев убор,
Завидует лишь ей.Но Сене, впрочем, все равно,
Нет у нее забот.
Тиха, беспечна, весела,
И день, и ночь течет.
Она до Гавра, до морей
Желает добежать,
Парижа сон, всю красоту,
Весь блеск его и нищету
Стараясь перенять.

перевод Скоркиной Марии

La Seine a rencontré Paris

Qui est là
toujours là dans la ville
et qui pourtant sans cesse arrive
et qui pourtant sans cesse s’en va
C’est un fleuve répond un enfant
un devineur de devinettes.
Et puis l’œil brillant il ajoute
et le fleuve s’appelle la Seine
quand la ville s’appelle Paris
et la Seine c’est comme une personne
des fois elle court elle va très vite
elle presse le pas quand tombe le soir
des fois au printemps elle s’arrête et
vous regarde comme un miroir.
Et elle pleure si vous pleurez
ou sourit pour vous consoler
et toujours elle éclate de rire quand
arrive le soleil d’été…

Jacques Prévert

 

 

La Tour Eiffel

Mais oui, je suis une girafe,
M’a raconté la tour Eiffel,
Et si ma tête est dans le ciel,
C’est pour mieux brouter les nuages,
Car ils me rendent éternelle.
Mais j’ai quatre pieds bien assis
Dans une courbe de la Seine.
On ne s’ennuie pas à Paris :
Les femmes, comme des phalènes,
Les hommes, comme des fourmis,
Glissent sans fin entre mes jambes

Et les plus fous, les plus ingambes
Montent et descendent le long
De mon cou comme des frelons
La nuit, je lèche les étoiles.
Et si l’on m’aperçoit de loin,
C’est que très souvent, j’en avale
Une sans avoir l’air de rien.

Maurice Carême

 

 

Le pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Guillaume Appolinaire

 

Под мостом Мирабо тихо катится Сена
И уносит любовь
Лишь одно неизменно
Вслед за горем веселье идет непременно.Пробил час наступает ночь
Я стою дни уходят прочьИ в ладони ладонь мы замрем над волнами
И под мост наших рук
Будут плыть перед нами
Равнодушные волны мерцая огнями

Пробил час наступает ночь
Я стою дни уходят прочь

Уплывает любовь как текучие воды
Уплывает любовь
Как медлительны годы
Как пылает надежда в минуту невзгоды

Пробил час наступает ночь
Я стою дни уходят прочь

Вновь часов и недель повторяется смена
Не вернется любовь
Лишь одно неизменно
Под мостом Мирабо тихо катится Сена

Пробил час наступает ночь
Я стою дни уходят прочь.

Перевод Натальи Стрижевской

Paris blanc

La neige et la nuit
Tombent sur Paris,
A pas de fourmi.

Et la ville au vent
Peint l’hiver en blanc,
A pas de géant.

La Seine sans bruit
Prend couleur d’encens
Et de tabac gris.

A l’hiver en blanc,
Le temps se suspend,
A pas de fourmi.

A pas de géant
Tombent sur Paris
La neige et la nuit.

Pierre Coran

 

 

10 комментариев

  1. Спасибо за стихотворения! Очень понравились. Обязательно выучу парочку 🙂

  2. Прекрасная поэтическая подборка.
    Обратите, пожалуйста, внимание и на другие переводы. Так перевод, если не ошибаюсь, Кудинова «La Seine a de la chance» (кстати, прекрасно прочитанный Сергеем Юрским) кажется более близким ритмике оригинала (Везёт же этой Сене, нет у неё забот, легко и днём и ночью она себе течёт…), а «Le pont Mirabeau» лучше всех перевёл, по-моему, Илья Эренбург (Под мостом Мирабо тихо Сена течёт). Что не умалает, конечно, достоинств других переводов.

  3. я учу французский всего 4 года потому что мне нравится этот язык
    а стихотворения здесь отличные
    уже начала учить 🙂

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